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Full text of "Exposition raisonnée d'un cas de nouvelle et singulière variéte d'hermaphrodisme observée chez l'homme : lue à l'Académie royal de médecine, dans sa séance du 5 mars 1833"

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EXPOSITION  RAISONNÉE 


d’un 

CAS  DE  NOUVELLE  ET  SINGULIÈRE 

VARIÉTÉ  D’HERMAPHRODISME 

OBSERVÉE  CHEZ  L’HOMME 


(  Lue  à  V Académie  royale  de  Médecine  ,  dans  sa  Séance  du  5  mars  i833) 


Par  J.  BOUILLAUD, 

PROFESSEUR  DE  CLINIQUE  MEDICALE  A  LA  FACULTE  DE  MEDECINE  DE  PARIS,  etc. 


Inter  utrumqué  tene. 


Dans  les  faits  qui ,  comme  celui-ci ,  s'éloignent  des  opinions 
reçues  ,  la  sagesse  consiste  également  à  n’admettre  que  ce 
qui  est  rigoureusement  prouvé ,  et  à  ne  pas  assigner  des 
bornes  trop  étroites  à  la  puissance  de  la  nature . 

(Rapport  de  M.  Dnpuy  tren  sur  un  fœtus  humain  trouvé 
dans  le  mésentère  d7un  jeunehomme  de  quatorze  ans.) 


PARIS, 

J.  B.  BAILLIÈRE,  LIBRAIRE 

DB  L’ACADÉMIE  ROYALE  DE  MEDECINE, 

LONDRES  ,  MEME  MAISON,  N°  219,  REGENT-STREET. 


1835. 


Extrait  du  Journal  universel  et  hebdomadaire  de  Médecine  et  de  Chirurgie 
pratiques  et  des  Institutions  médicales . 


EXPOSITION  RAISONNÉE 


D*CW 

CAS  DE  NOUVELLE  ET  SINGULIERE 

VARIÉTÉ  D’HERMAPHRODISME 

OBSERVÉE  CHEZ  L’HOMME. 


Messieurs  , 

Les  moments  de  cette  savante  Académie  sont  si  pré¬ 
cieux,  que  ce  n’est  pas  sans  une  espèce  de  scrupule  que 
je  me  suis  décidé  à  la  prier  de  m’en  accorder  quelques- 
uns  ,  sur-tout  après  avoir  réfléchi  combien  il  est  difficile 
de  lui  communiquer  des  travaux  réellement  dignes  de 
son  attention.  Aussi  n’a-t-il  rien  moins  fallu  que  la  nou¬ 
veauté  du  fait  que  je  vais  avoir  l’honneur  de  lui  exposer, 
pour  me  déterminer  à  lui  demander  la  parole. 

Ce  fait  qui  me  parait  mériter  l’honneur  d’être  présenté 
h  l’Académie,  est  un  cas  dans  lequel  un  seul  et  même  in¬ 
dividu  de  l’espèce  humaine  offre  la  monstrueuse  alliance 
d’organes  sexuels  ,  dont  les  uns  appartiennent  normale¬ 
ment  à  la  femme,  tandis  que  les  autres  sont  l’apanage  de 
l’homme;  lequel  individu,  sous  le  rapport  des  autres 
organes  en  général ,  paraît  participer  à  la  fois  et  des  at¬ 
tributs  de  l'homme  et  de  ceux  de  la  femme. 

Il  me  semble  déjà  ,  Messieurs,  entendre  quelques  per¬ 
sonnes  se  récrier,  comme  s’il  s’agisssait  de  la  découverte 
de  la  pierre  philosophale  ou  de  la  quadrature  du  cercle. 

x 


HERMAPHRODISME. 


4 

Quoi  !  diront  ces  personnes,  vous  allez  parler  d’herma- 
plirodisme  chez  l'espèce  la  plus  élevée  du  règne  animal  ! 
comme  si  nous  n’avions  pas,  depuis  long-temps,  proclamé 
la  chose  impossible;  comme  si  une  telle  monstruosité 
n’était  pas  évidemment  contraire  aux  lois,  et,  pour 
ainsi  dire,  à  la  constitution  même  de  la  nature! 

A  Dieu,  ne  plaise,  Messieurs,  que  séditieux  d’un  nou¬ 
veau  genre,  je  vienne  ainsi  déranger  l’ordre  anatomique 
que  la  nature  et  sur-tout  quelques  savants  ont  établi ,  et 
sont  bien  résolus  à  défendre  !  Tout  ce  que  je  désire  ,  c’est 
que  l’Académie  veuille  bien  écouter  d’une  oreille  indul¬ 
gente  le  cas  que  je  vais  rapporter ,  et  jeter  un  coup  d’œil 
attentif  sur  les  pièces  du  procès  qui  sont  devant  elle: 
elle  jugera  ensuite  dans  sa  sagesse,  la  question  tant  de 
fois  agitée  de  l’hermaphrodisme,  et  nous  ne  manquerons 
pas  de  nous  soumettre  comme  il  convient  à  sa  suprême 
décision. 

§  I.  Exposition  du  fait. 

Le  nommé  Yalmont,  chapelier,  âgé  de  soixante-deux 
ans,  veuf ,  d’une  petite  stature,  buvant  habituellement 
un  peu  d’eau-de-vie  ,  était  affecté  d’un  choléra  algide  au 
plus  haut  degré  ,  lorsqu’il  fut  apporté,  le  6  avril,  dans 
le  service  qui  nous  était  confié,  à  l’hôpital  de  la  Pitié. 
Il  mourut  le  lendemain. 

Je  retrancherai  de  l’histoire  de  l’autopsie  cadavérique 
que  nous  en  fîmes,  M.  le  docteur  Donné  et  moi,  tout 
ce  qui  est  étranger  au  fait  de  la  monstruosité  dont  le  su¬ 
jet  était  atteint. 

Comme  Yalmont  paraissait  jouir  de  tous  les  attributs 
du  sexe  masculin  au  moment  où  il  fut  reçu  à  notre  hô¬ 
pital,  et  qu’il  avait,  en  conséquence,  été  placé  dans  la 
salle  des  hommes  ,  nous  ne  fumes  pas  médiocrement  sur¬ 
pris ,  lorsque  les  organes  de  la  cavité  abdominale  eurent 


HERMAPHRODISME. 


3 


été  mis  à  découvert,  de  rencontrer  dans  l’excavation  pel¬ 
vienne  un  utérus  bien  conformé.  Après  avoir  noté  suc¬ 
cinctement  Tétât  anormal  dans  lequel  se  trouvaient  les 
‘  organes  génitaux  chez  cet  individu,  je  fis  conserver  dans 
l’alcool  les  pièces  principales,  afin  de  les  décrire  plus 
en  détail  lorsque  l’épidémie,  qui  régnait  alors  dans  toute 
sa  fureur,  nous  en  laisserait  le  loisir.  La  chose  nous  était 
sur-tout  impossible  ce  jour-là;  car,  outre  Valmont,  nous 
avions  six  autres  cholériques  dont  il  nous  fallait  prati¬ 
quer  l’ouverture. 

Sur  ces  entrefaites,  M.  Manec  ayant  désiré  examiner 
les  pièces  que  nous  avions  conservées,  elles  lui  furent 
aussitôt  remises;  et  c’est  d’après  les  notes  quril  a  eu  la 
complaisance  de  nous  remettre,  que  nous  allons  donner 
la  description  de  ces  pièces. 

M.  Manec,  dont  les  profondes  connaissances  anato¬ 
miques  sont  connues  dh  tout  le  monde,  a,  de  plus,  fait 
exécuter  sous  ses  yeux,  de  superbes  planches  représen¬ 
tant  les  organes  décrits.  Ce  sont  ces  planches  qui  circulent 
en  ce  moment  dans  les  rangs  de  TAcadémie.  Voici  main¬ 
tenant  la  description  des  organes  sexuels  de  Valmont  : 

Dans  la  région  des  organes  génitaux  externes,  on  voit 
une  verge  de  grosseur  moyenne  ,  terminée  par  un  gland 
bien  conformé  ,  ainsi  que  le  prépuce  dont  il  est  recou¬ 
vert.  L’ouverture  du  méat  urinaire  ,  au  lieu  d’occuper 
le  centre  même  du  sommet  du  gland ,  existe  vers  la  par¬ 
tie  inférieure  de  cette  partie  (i). 

Les  bourses  sont  petites,  mais  d’ailleurs  très  recon¬ 
naissables  :  les  téguments  qui  en  forment  la  partie  essen- 

(i)  M.  Manec  considère  cette  particularité'  comme  constituant  un 
premier  degré  d’hypospadias  ;  ce  rapprochement  ingénieux  est,  à  ce  qu’il 
me  semble,  pour  le  moins  un  peu  forcé.  On  en  jugera  par  V examen  des 
pièces  qui  sont  sous  les  yeux  de  l’Académie. 


6  HERMAPHRODISME. 

tielle,  offrent  la  couleur  brune  et  le  froncement  qui 
existent  à  l’état  normal ,  et  sont  ombragés  de  poils  ;  elles 
sont  divisées  en  deux  parties  symétriques  pir  un  raphé 
qui  s’étend  du  prépuce  à  l’anus,  et  qui  paraît  un  peu 
plus  dur  et  plus  saillant  qu’on  ne  le  rencontre  ordinai¬ 
rement  chez  l'homme.  Les  bourses  sont  dépourvues  de 
testicules  :  on  n’y  rencontre  aucuns  vestiges  de  ces  or¬ 
ganes.  Elles  ne  contiennent  qu’un  tissu  cellulaire  lamel- 
leux  ,  semblable  à  celui  que  l’on  trouve  dans  l’épaisseur 
des  nymphes . 

Lepénil,  ou  mont  de  Vénus,  plus  arrondi,  pl  us  bombé, 
qu’il  ne  l’est  ordinairement  chez  l’homme ,  est  hérissé  de 
poils  longs,  mais  médiocrement  abondants,  et  s’avançant 
sur  la  verge  comme  pour  là  cacher  (1). 

Il  existe  dans  le  bassin  deux  ovaires  ,  semblables  pour 
leur  forme  et  leur  structure  à  ceux  d'une  jeune  fille  de 
quinze  à  seize  ans  (2)  ,  deux  trompes  utérines  avec  leur 
pavillon  et  leur  petite  extrémité  s’ouvrant  dans  l’uté¬ 
rus,  comme  chez  une  femme  bien  constituée.  Cet  uté¬ 
rus  ,  d’une  conformation  qui  ne  laisse  rien  a  désirer, 
occupe  sa  place  accoutumée,  entre  le  rectum  et  la  vessie, 
et  va  s’ouvrir  dans  une  espèce  de  vagin  ,  ainsi  qu’il  sera 


ri)  «  D’après  ce  qui  précède,  dit  M.  Manec,  on  voit  que  si  tn  exa- 
»  minant  avec  attention  les  organes  sexuels  externes  ,  on  peut  avoir  quel- 
j>  ques  doutes  sur  le  véritable  sexe  du  sujet,  il  n’en  peut  être  de  même, 
»  lorsqu’on  se  borne  a  un  aperçu  général  :  dans  ce  dernier  cas  ,  en  effet , 
»  on  doit  nécessairement  considérer  le  sujet  comme  appartenant  au  sexe 
»  male.  Et  cependant  nous  allons  voir,  ajoute  M.  Manec ,  que  les  organes 
9  caractéristiques  des  sexes  font  de  ce  sujet  une  femme.  » 

(2)  Je  ne  puis  partager  entièrement  ici  la  manière  de  voir  de  M.  Manec. 
Les  corps  qu’il  considère  comme  étant  entièrement  semblables  aux  ovaires 
d’une  jeune  fille,  n’offraient  point  cette  structure  vésiculaire  qui  caracté¬ 
rise  de  véritables  ovaires.  Leur  tissu  était  en  quelque  sorte  fibreux.  Ces  or- 
gaaes  équivoques  tenaient  iis  le  milieu  entre  les  testicules  et  les  ovaires  ? 


HERMAPHRODISME. 


T 


dit  plus  bas.  La  cavité  de  l’utérus  offre  ces  rides  arbo- 
risées  que  Ton  rencontre  chez  les  femmes  qui  n’ont  point 
eu  d’enfants.  L’extrémité  inférieure  de  cet  utérus  ou  le 
museau  de  tanche  fait  saillie  dans  le  vagin,  ainsique 
cela  se  voit,  dans  l’état  normal.  Ce  vagin,  long  d’environ 
deux,  pouces,  d’une  largeur  moyenne,  présente  à  sa  face 
interne,  d’une  manière  très  évidente ,  les  rides  nom¬ 
breuses  qu’on  y  remarque  chez  les  vierges.  Parvenu  vers 
le  col  de  la  vessie  ,  ce  canal  se  rétrécit  assez  brusque¬ 
ment  et  ne  forme  plus  ,  vers  la  portion  membraneuse  de 
F  urèthre  qu’un  petit  conduit  qui  ,  se  dirigeant  de  bas 
en  haut,  va  s’ouvrir,  par  un  orifice  d’environ  deux  millu 
mètres  de  diamètre,  dans  l’urètlire  à  travers  la  paroi 
inférieure  de  la  portion  membraneuse  indiquée  plus 
haut,”  de  telle  sorte  que  l’urèlhre  n’est  réellement  que 
la  continuation  du  vagin  dont  il  vient  d’être  question, 
Cet  urèthre  se  comporte,  d’ailleurs  ,  au  delà  de  ce  poinv 
de  jonction,  absolument  de  la  même  manière  que  celui  db 
l’homme.  Il  en  offre  tous  les  caractères,  et  comme  lui  se 
trouve  entouré,  à  son  origine ,  d’une  prostate  bien  con¬ 
formée  (1).  Ge  corps  gl and i forme  imprime  au  canal  qui 
le  traverse  une  configuration  semblable  à  celle  qu’il  pré  ¬ 
sente  dans  le  sexe  masculin  ,  savoir  r  une  saillie  ou  veru- 
montanum  à  la  paroi  inférieure, et  deux  gouttières  laté¬ 
rales  dans  le  fond  desquelles  on  aperçoit  les  orifices  des 
follicules  prostatiques;  mais  sur  la  crête  uréthrale,  on 
cherche  vainement  la  trace  de  l’ouverture  des  canaux 


(i)  «  Si  la  jonction  dn  vagin  avec  l’urèthre  s’était  opérée  ,  dit  M.  Ma- 
nec,  un  demi-pouce  plus  en  arrière,  il  aurait  fallu  que,  chez  cette  femme, 
ce  canal  traversât  le  tissu  prostatique  ,  ainsi  qu’on  le  voit  chez  l’homme, 
pour  le  canal  génital,  au  point  où  il  reçoit  l’insertion  des  conduits  éja- 
culatcurs.  »  Je  rapporterai  plus  loin,  d'après  M.  Mayer,  un  cas  dans  lo¬ 
que!  se  trouve  réalisée  la  particularité  dont  M.  Mmec  vient  de  parier. 


8 


HERMAPHRODISME. 


éjaculateurs.  Au-delà  de  la  prostate,  Turèthre  est  dé¬ 
pouillé,  dans  une  longueur  de  huit  à  dix  lignes  de  tout 
tissu  extérieur.  Plus  loin  ,  un,  tissu  spongieux  avec  ren¬ 
flement  bulbeux  s’ajoute  à  ce  canal,  l’accompagne  dans 
tout  le  reste  de  sa  longueur  ,  et  s’épanouit  ensuite  pour 
former  le  gland.  Toute  cette  portion  spongieuse  est  adossée 
à  la  face  inférieure  des  corps  caverneux,  lesquels  forts  et 
développés  comme  chez  l’homme,  sont  munis  à  leur 
racine  d’un  appareil  musculaire  aussi  complet  et  peut- 
être  plus  puissant  qu’on  ne  le  trouve  ordinairement  en¬ 
core  chez  l’homme.  Les  muscles  bulbo-caverneux  en 
particulier  sont  très  longs  et  très  épais.  Les  glandes  de 
Cowper  existent  comme  dans  le  sexe  mâle. 

De  même  que  les  testicules,  les  vésicules  séminales  et 
les  canaux  déférents  manquent  complètement.  Il  ne 
sort  par  l’anneau  inguinal  qu’un  tissu  cellulaire  dense, 
rudiment  du  ligament  rond  (1),  un  filet  nerveux  et  une 
artère.  La  seule  chose  qui  nous  ait  paru  s’éloigner  un 
peu  de  ce  que  l’on  trouve  ordinairement  chez  la  femme, 
c’est  le  volume  de  cette  artère  ,  laquelle  ,  très  forte  de 
chaque  côté,  va  communiquer  par  de  larges  anastomoses 
avec  l’arlère  superficielle  du  perinée  et  les^ranches  des 
artères  honteuses  externes. 

Absence  complète  des  parties  qui  constituent  les  or¬ 
ganes  génitaux  externes  féminins  ,  tels  que  la  vulve , 
les  grandes  et  petites  lèvres  ,  etc.  (2) 


(1)  Le  ligament  large ,  dont  il  n’a  pas  été  fait  mention  dans  la  descrip¬ 
tion  de  M.  Manec  ,  existait  comme,  chetf  la  femme  la  mieux  conformée. 

(2)  «  Si  actuellement,  dit  M.  Manec,  nous  jetons  un  coup  d’œil 
»  général  sur  les  dispositions  qui  vienuent  d’être  indiquées ,  nous  voyons 
m  que  le  vice  de  conformation  dont  il  est  question ,  ne  mérite  pas  le  nom 
»  d’hermaphrodisme;  attendu  qu’il  n’existe  que  les  organes  caractéris¬ 
ai  tiques  d’un  seul  sexe  ,  ceux  de  la  femme.  La  seule  différence  qui  existe 


HERMAPHRODISME . 


9 


Telle  est  la  description  faite  par  M.  Manecdes  organes 
génitaux.  Il  nous  reste  maintenant  à  faire  connaître 
quelques  autres  particularités  de  la  structure  générale 
de  l’individu,  pai ticuiarités  presque  aussi  remarqua¬ 


i>  entre  cct  individu  et  une  autre  femme  bien  conformée ,  c’est  que  le 
»  vagin  ,  au  lieu  de  se  terminer  à  l’extérieur  par  une  ouverture  évasée  et 
)>  indépendante  ,  placée  entre  l’anus  et  le  méat  urinaire,  se  rétrécit  jus- 
»  qu’au  point  de  n’avoir  plus  qu’une  ligne  de  diamètre  ,  et  va  s’ouvrir 
»  dans  l’ urèthre. 

»  L’absence  de  la  vulve  et  la  présence  d’une  verge  bien  couforraée  , 

*  s’expliquent  par  l’excès  de  dé  veloppemeat  des  petites  lèvres  et  du  clitoris. 

»  Les  premières  ,  par  leur  jonction  ,  ont  fait  disparaître  l’entrée  du  vag’n 
»  et  formé  le  raphé  ;  tandis  que  le  clitoris ,  développé  outre  mesure  ,  a 
»  acquis  tous  les  caractères  de  la  verge,  qu’il  ne  représente,  dans  l’état 
»  ordinaire  ,  que  d’une  manière  imparfaite.  C’est  aussi  en  vertu  d’un 
»  excès  de  développement,  que  i’ urèthre  a  pu  revêtir  les  caractères  de 
»  celui  de  l’homme. 

»  Ainsi,  jusqu’à  présent ,  poursuit  M.  Manec  ,  pas  un  organe  de  nou- 
)>  veau,  chez  cet  individu  du  genre  féminin.  Tous  ceux  qui  pourraient 
»  laisser  quelques  doutes  sur  la  nature  de  son  sexe  ,  se  trouvent  à  l'état 
)>  rudimentaire  chez  une  femme  bien  conformée.  Il  n’y  a  donc  qu’excès 
»  de  volume  dans  les  organes  générateurs  externes  ,  et  par  suite  suppres- 
»  sion  de  la  vulve  et  jonction  de  l’urèthre  avec  le  vagin.  Mais  la  prostate 
»  qui  n’existe  pas  chez  la  femme  se  rencontre  chez  celle-ci,  ou  elle  est 
»  très  bien  conformée,  et  embrasse,  comme  chez  l’homme ,  le  col  de  la 
n  vessie  et  le  commencement  de  l’urèthre.  Si  donc  cet  organe  était  essen- 
»  tiel  pour  compléter  l’appareil  générateur  du  mâle  ,  sa  présence  pour- 
»  rait  nous  embarrasser  ,  et  nous  forcer  à  reconnaître  que  le  cas  dont 
»  nous  nous  occupons  est  un  commencement  d’hermaphrodisme  ;  chose 
»  qui  cependant  ne  peut  pas  exister  ,  car  si  la  nature  semble  ,  dans  quel- 
»  ques  circonstances ,  se  jouer  de  la  conformation  et  des  rapports  des 
»  organes  ,  cela  ne  va  jamais,  dans  les  animaux  des  espèces  élevées,  jus- 
»  qu’à  réunir  sur  le  même  individu,  des  organes  à  fonctions  distinctes  , 
»  et  sur-tout  lorsque  ces  organes  concourent  à  l’accomplissement  d’une 
v  opération  fondamentale  telle  que  celle  de  la  génération.  La  prostate, 
»  chez  le  male  ,  n’est  qu’un  organe  accessoire,  sécréteur  d’une  humeur 
»  qui,  par  son  mélange  avec  le  sperme  ,  favorise  la  marche  de  celui-ci 
»  dans  l’urèthre,  et  rend  plus  forte  sa  projection  hors  de  ce  canal.  Ce 


10 


HERMAPHRODISME. 


blés  que  celles  (les  Organes  génitaux, et  que  M.  Manec  n’a 
pu  observer. 

Le  cadavre  de  Yalmont ,  très  court  pour  un  sujet  du 
sexe  masculin  ,  présente  des  formes  arrondies  et  potelées, 
qui  se  rapprochent  beaucoup  de  celles  de  la  femme.  Les 


»  mélangé  du  liquide  prostatique  n’est  pas  d’une  nécessité  absolue  pour 
»  l’accomplissement  de  la  fécondation  ,  puisque ,  dans  plusieurs  espèces 
«  de  mammifères  cette  fécondation  a  lieu  malgré  la  non-existence  de  la 
»  prostate.  (La  prostate  manque  chez  la  plupart  des  rongeurs,  le  hérisson 
»  et  la  taupe.  Son  existence  est  douteuse  chez  les  phoscolomes.  Les  rumi- 
»  nants,  au  contraire,  ont  toujours  deux  prostates,  et  les  solipèdes 
quatre.)  Ce  fait  d’anatomie  comparée  prouve  que  la  prostate  ne  peut 
pas  être  absolument  considérée  comme  un  caractère  essentiel  du  sexe 
J)  d  un  individu  :  par  conséquent,  sa  présence  sur  un  individu  du  sexe 
»  féminin ,  ne  peut  contribuer  en  rien  à  lui  donner  la  plus  petite  appa- 
v  rence  du  sexe  opposé, 

»  Le  cas  dont  nous  nous  occupons  ,  dit  en  terminant  M.  Manec,  vient 
3)  à  l’appui  de  l’opinion  de  M.  Geoffroy  Saint-Hilair'e  ,  lorsqu’il  a  dit  : 
3>  que  l’appareil  reproducteur  et  l’appareil  copuiateur ,  bien  que  joints  et 
»  liés  ensemble,  sont  cependant  tout-à-fait  indépendants  l’un  de  l’autre 
3>  sous  le  rapport  de  leur  développement.  Ici ,  en  effet ,  l’excès  d’accrois- 
3>  sement  des  organes  extérieurs  n’a  changé  en  rien  l’état  des  organes 
3)  internes  ,  tandis  que  dans  les  systèmes  d’organes  qui  croissent  sous  la 
3)  même  influence  ,  il  arrive  constamment  que  dans  les  cas  où  l’un  de  ces 
3 >  organes  acquiert  un  surcroît  de  développement ,  son  congénère  reste 
3)  au-dessous  de  son  volume  normal. 

»  Ce  cas  vient  également  confirmer  les  idées  de  M.  de  Blainville ,  sur 
3>  l’analogie  qui  existe  entre  les  organes  de  l’un  et  de  l’autre  sexe  ,  et  réa- 
33  lise  la  supposition  faite,  il  y  a  une  quinzaine  d’années,  par  ce  savant 
33  naturaliste ,  savoir  que  la  seule  différence  capitale  des  deux  sexes  ,  con- 
33  sistant  dans  l’indépendance  du  canal  générateur,  chez  la  femme  ,  il 
3>  suffirait ,  pour  faire  de  celle-ci  un  homme  en  apparence  ,  de  joindre  le 
33  vagin  avec  l’urèthre.  (  Noie  de  M.  Manec.  ) 

J’ai  cru  devoir  rapporter  dans  tout  son  entier  cette  note  de  M.  le  doc* 
teur  Manec ,  bien  que  je  ne  partage  pas  plusieurs  des  idées  que  cet  habile 
anatomiste  y  développe.  On  verra  plus  loin  ,  en  quoi  mes  opinions  dif¬ 
fèrent  des  siennes. 


HERMAPHRODISME» 


1  t 

mains  et  sur-tout  les  pieds  sont  petits  et  ressemblent  à 
ceux  de  la  femme  plus  encore  qu’à  ceux  de  l’homme;  le 
bassin  est  plus  évasé ,  les  hanches  plus  saillantes  que  cela 
n’a  lieu  chez  un  individu  bien  conformé  du  sexe  mas¬ 
culin. 

Le  visage  est  fourni  d’une  barbe  assez  épaisse,  et  néan¬ 
moins  il  offre  dans  son  aspect  général  quelque  chose  de 
mou  et  de  féminin  :  cette  sorte  de  physionomie  équivo¬ 
que  a  même  quelque  chose  de  repoussant. 

Au-dessous  de  la  peau,  dans  les  interstices  des  muscles, 
ainsi  que  dans  les  cavités  abdominale  et  pectorale  ,  on 
rencontre  une  graisse  excessivement  abondante,  circons¬ 
tance  qui  constitue  un  nouveau  trait  de  ressemblance 
entre  cet  individu  et  la  femme. 

Les  glandes  mammaires,  très  développées,  beaucoup 
trop  développées  pour  un  homme,  le  sont  cependant  un 
peu  moins  que  chez  une  femme  bien  constituée,  et  se 
terminent  par  un  mamelon  presque  aussi  gros  que  celui 
de  la  femme  à  l’état  normal. 

On  peut  dire,  d’une  manière  générale ,  que  sous  le 
point  de  vue  de  la  conformation  et  du  volume  de  presque 
toutes  les  autres  parties  dont  il  nous  resterait  à  parler , 
cet  individu  tient  une  sorte  de  juste  milieu  entre  l’homme 
et  la  femme.  Disons  cependant  que  le  cœur  était  à  peu 
près  aussi  robuste  que  celui  d’un  homme  de  taille  et  de 
force  moyennes. 

Telles  sont  les  anomalies  d’organisation  que  nous  avons 
constatées  chez  Val  mont.  On  conçoit  assezque  nous  n’a  vons 
rien  négligé  pour  tâcher  de  nous  procurer  des  renseigne¬ 
ments  détaillés  sur  les  anomalies  fonctionnelles  ou  phy¬ 
siologiques  qui  devaient  correspondre  aux  anomalies 
des  conditions  anatomiques.  Malheureusement ,  toutes 
nos  démarches  ont  été  jusqu’ici  sans  succès.  On  sest 
transporté  au  domicile  deValmont  :  on  a  su  que  ce  mal- 


12 


UEHMAPHR0DI3ME. 


heureux  logeait  dans  un  grabat,  où  il  n’avait  pour  se 
reposer  qu’une  botte  de  paille*  Du  reste,  il  était  sans 
parents,  sans  amis,  et  on  n’a  pu  obtenir  aucune  espèce 
de  données  sur  son  genre  de  vie  habituel,  sur  ses  goûts, 
ses  penchants,  ses  mœurs,  ses  aptitudes  intellectuelles. 
De  quelle  importance  n’eussent  pas  été  ces  documents 
physiologiques  î  Ne  semble-t-il  pas  que  la  nature  ait 
pris  soin  d’éloigner  de  nous  tous  les  éléments  propres 
à  nous  éclairer  dans  la  grande  et  ténébreuse  question 
que  soulève  l’histoire  anatomique  de  Valmont,  comme 
si  cette  nature  était  en  quelque  sorte  honteuse  de  nous 
révéler  en  entier  le  mystère  d’une  aussi  étrange  aberra¬ 
tion  î 

Il  résulte  des  déclarations  de  Valmont ,  au  moment 
de  son  entrée  à  l’hôpital,  qu’il  était  veuf.  Ainsi  donc, 
un  individu  qui  était  doué  des  organes  essentiels  du  sexe 
féminin,  tandis  qu’il  ne  possédait,  d’une  manière  évidente, 
que  les  organes  dits  accessoires  du  sexe  masculin,  n’a  pas 
craint  de  contracter  une  alliance  dans  laquelle  il  devait 
jouer  le  rôle  de  mari!  Comment  s’^M-il  comporté  dans  l’acte 
du  coït  ?  Quels  transports  pouvait-il  éprouver  auprès 
d’une  femme ,  lui  que  ses  organes  générateurs  profonds 
appelaient  à  remplir  pour  son  propre  compte  les  fonc¬ 
tions  de  la  femme  ? 

Puisqu’il  avait  une  matrice,  Valmont  était-elle  ré¬ 
glée  (qu’on  me  pardonne  cette  sorte  d’hermaphrodisme 
de  langage  )  ?  Si  les  règles  existaient  en  effet ,  il  devait  en 
résulter  chaque  mois  une  hématurie.  Cette  hématurie 
périodique  n’aurait-elle  pas  pu  être  prise  pour  une  afïec- 
tion  de  la  vessie?  (i) 

(î)  Si  quelque  affeclion  réelle  ou  supposée  de  vessie  eut  nécessité  le 
cathétérisme,  et  que  la  soude  eut  péneLré  non  dans  la  vessie  ,  mais  dans  le 
vagin  et  l'utérus ,  l’opérateur  ne  se  serait-il  pas  trouvé  clans  un  étrange 
embarras  ? 


HEUMAPHUODiSME.  4  l3 

Si  la.  femme  de  Valmont  eût  existé,  elle  aurait  eu,  sans 
doute,  de  précieuses  etcurieuses  révélations  à  nous  faire.  Il 
ne  paraît  pas  qu’elle  ait  eu  d’enfants  pendant  lé  cours  de 
cette  monstrueuse  union  !  En  supposant  que  le  contraire 
eût  eu  lieu,  certes,  ce  n’est  pas  à  Valmont  qu’il  aurait 
fallu  faire  les  honneurs  de  la  paternité. 

Mais ,  s’il  est  bien  vrai ,  ainsi  que  le  professent  nos 
plus  célèbres  zoologistes,  qu’étant  données  les  condi¬ 
tions  anatomiques ,  on  connaît  par  cela  même  les  fonc¬ 
tions,  à  quoi  bon  recourir  à  de  longues  et  laborieuses  in¬ 
formations  sur  la  conduite  physiologique  de  Valmont? 
En  effet ,  pour  résoudre  la  question  de  savoir  quelle  a  été 
la  vie  physique  et  morale  de  Yalmont ,  nous  possédons 
tous  les  éléments  nécessaires,  puisque  nous  connaissons 
l’organisation  de  cet  individu  :  que  le  cadavre  de  Yal¬ 
mont  se  ranime  donc  au  souffle  fécond  de  l’Académie, 
qu’elle  nous  révèle  par  la  pensée  quelle  nuance  de  vie  a  dû 
revêtir  une  organisation  ,  dans  la  formation  de  laquelle 
la  nature  a  suivi  un  système  vraiment  si  déplorable.  Que 
l’Académie  nous  apprenne  donc,  par  exemple ,  si  Val- 
mont  a  véritablement  ressenti  l’aiguillon  de  lacbair, 
et  dans  ce  cas  si  c’est  plus  spécialement  l’aiguillon  de 
la  chair  masculine  ou  celui  de  la  chair  féminine  qu’il 
aura  éprouvé ,  ou  bien  encore  s’il  aura  été  tour-à- 
tour  en  proie  au  stimulus  de  ce  double  aiguillon;  ou  si  , 
par  une  sorte  de  neutralisation  d'un  sexe  par  l’autre, 
Yalmont  sera  resté  dans  un  état  d 'indifférence  en  ma¬ 
tière  génératrice» 

Quoi  qu'il  en  soit ,  sous  le  rapport  moral  ou  phrénolo - 
gique ,  le  mariage  contracté  par  Valmont  est  une  cir¬ 
constance  digne  de  toute  notre  méditation,  et  nous 
croyons  qu'elle  est  bien  propre  à  exercer  la  sagacité  des 
physiologistes  et  des  philosophes. 


*4 


HERMAPHRODISME. 


On  a  dit:  Propteruterum  solum  mulier  est  id  quod  est * 
Est-ce  donc  seulement  à  cause  de  son  utérus  que  Val- 
mont  a  été  ce  qu’il  a  été ^  c'est-à-dire  homme ,  et  qui 
plus  est,  homme  marié? 

§  IL  Quelques  réflexions  sur  V origine  de  cette  'variété 
d’ hermaphrodisme  ;  indication  de  cas  analogues  au 
précédent)  recueillis  par  divers  auteurs  (1). 

i  .  ■ 

Parmi  les  innombrables  anomalies,  soit  générales,  soit 
partielles  ,  qui  peuvent  affecter  l’espèce  humaine,  ce  ne  sont 


(i)  Je  m’empresse  de  consigner  ici  les  reflexions  générales  que  ce  fait  a 
suggérées  à  M.  Manec,  et  qui  sont  l’espression  assez  fidèle  des  opinions  le 
plus  généralement  répandues  aujourd’hui  sur  la  question  de  l'herma¬ 
phrodisme.  Noos  verrous  plus  loin  en  quoi  pèchent,  si  nous  ne  nous  trom¬ 
pons  jaous-iûème,  les  opinions  dont  il  s’agit. 

«  La  fonction  de  reproduction  est  exécutée  dans  l’un  et  l’autre  sexe  par 
j>  un  ensemble  d’organes  qui ,  en  raison  de  la  part  qu’ils  prennent  à  son 
»  accomplissement,  ont  été  divisés  en  deux  ordres.  Dans  le  premier , 
j>  se  rencontrent  les  organes  caractéristiques  de  chaque  sexe  ;  savoir  : 
m  chez  l’homme  les  testicules  avec  leurs  dépendances  ,  et  chez  la  femme 
»  les  ovaires  également  avec  leurs  annexes.  Le  second  ordre  comprend  les 
«  organes  copulaîeurs ,  qui  n’entrent  en  action  que  pendant  le  rapproche- 
«  ment  des  sexes. 

))  Les  organes  qui  appartiennent  au  premier  ordre  ne  se  trouvent  jamais 
»  réunis  sur  le  même  individu,  non-seulement  dans  l’espèce  humaine, 
a  mais  encore  dans  les  autres  espèces  qui  occupent  un  rang  un  peu  élevé 
»  dans  l’échelle  animale.  Ce  fait,  actuellement  bien  reconnu  par  les  obser- 
»  valeurs  exacts  ,  doit  faire  rejeter  comme  fabuleux  tout  ce  qui  a  été  dit 
»  sur  le  véritable  hermaphrodisme  ,  dans  l’homme  et  les  animaux  qui  se 
»  rapprochent  de  son  organisation. 

»  Mais  s’il  est  vrai  que  les  organes  qui  dans  la  femelle  produisent  l’œuf 
»  et  qui  dans  le  mâle  sécrètent  la  liqueur  qui  doit  féconder  l’œuf,  con- 
»  servent  toujours  la  forme  et  la  structure  qui  leur  sont  propres  ,  de  ma- 
w  uière  qu’on  peut  toujours  les  reconnaître  ,  quels  que  soient  les  changc- 
»  menls  de  rapport  et  de  position  qu’ils  aient  pu  subir,  il  n’en  est  pas. 
»  ainsi  des  parties  qui  servent  à  la  copulation.  Ces  dernières  remplissait 


HERMAPHRODISME. 


i5 

pas  celles  des  organes  de  la  génération  qui  ont  préparé  le 
moins  de  tortures  aux  tératologistes  ;  et  tout  en  rendant 
justice  pleine  et  entière  aux  beaux  travaux  de  quelques  cé¬ 
lèbres  anatomistes  modernes ,  on  peut  dire  que  les  dévia¬ 
tions  dont  peuvent  être  affectés  ces  organes ,  obéissent  à  des 
lois  dont  quelques-unes  se  sont  jusqu’ici  opiniâtrément  dé¬ 
robées  à  la  savante  investigation  de  l’anatomie  la  plus  trans¬ 
cendante.  Bien  qu’en  pareille  matière  ,  le  plus  sage  parti 
pour  moi  fût  d’avouer  mon  •  incompétence  ,  je  tâcherai 
cependant  de  déterminer  s’il  est  quelque  nouvelle  loi  qui 
puisse  être  avantageusement  invoquée  pour  l’explication  fie 
l’espèce  de  monstruosité  dont  il  s’agit  dans  ce  travail. 

Toutefois,  avant  de  nous  engager  dans  les  obscures  pro¬ 
fondeurs  d’une  telle  recherche,  il  me  paraît  indispensable 
de  rappeler  les  faits  analogues  au  précédent,  que  l’on  ren¬ 
contre  en  si  petit  nombre  dans  les  fastes  de  la  science. 
Pour  cela  ,  je  commencerai  par  consigner  ici  une  note  insé¬ 
rée  par  M.  Geoffroy  Saint-Hilaire,  dans  le  numéro  du  18 
février  i832  de  la  Gazette  médicale „ 


»  simplement  des  usages  de  convenances  individuelles,  peuvent  être 
»  modifies  dans  leur  grandeur ,  leur  configuration  et  meme  leur  structure 
»  sans  qu’il  en  résulte  nécessairement  l’aboliiion  des  fonctions  genera- 
»  trices;  ce  qui  arriverait  indubitablement  ,  si  de  tels  changements  s’opé- 
»  raient  dans  les  organes  du  premier  ordre. 

i>  Dans  les  cas  d'équivoque  et  de  doute  sur  le  sexe  d’un  individu  ,  c’est 
»  toujours  sur  les  organes  accessoires  que  les  déviations  organiques  ont 
»  porté.  Toutes  les  fois  qu’il  a  été  possible  d’examiner  les  organes  fon- 
»  damentaux  de  la  génération,  à  l’instant  même  l’incertitude  a  cessé, 
»  ainsi  qu'oii  peut  s’en  convaincre  en  parcourant  les  annales  de  la 
»  science. 

»  Le  fait  nouveau  à  l’occasion  duquel  nous  avons  présenté  les  réflexions 
»  précédentes ,  en  même  temps  qu’il  vient  les  confirmer ,  se  distingue  né- 
»  anmoius  de  ceux  déjà  connus  ,  par  des  caractères  qui  lui  sont  propres, 
»  et  qui  méritent  de  fixer  l’attention  des  anatomistes.  » 


HERMAPHRODISME. 


16 

Cas  singulier  et  paradoxal  d'hermaphrodisme ,  observé 

à  Naples ,  sur  un  sujet  octogénaire  ,  communiqué  et 

commenté  par  M.  Geoffroy  Saint-Hilaire. 

«  Le  professeur  Don  Joseph  Ricco,  dans  le  courant  de 
»  janvier ,  faisant  l’autopsie  du  cadavre  d’une  octogénaire  , 
j»  qui  devait  servir  à  la  démonstration  dans  les  leçons 
»  d’anatomie  qu’il  fait  à  l’hôpital  de  Santa-Maria  délia 
»  jide  ,  s’aperçut  que  les  organes  sexuels  de  ce  cadavre 
>>  présentaient  des  anomalies  telles,  qu’on  ne  pouvait 
»  décider  avec  certitude  auquel  des  deux  sexes  il  pouvait 
»  appartenir,  bien  que,  pendant  la  vie,  il  eût  passé  pour 
»  être  du  sexe  féminin  ,  et  qu’en  conséquence  cette  femme 
»  eût  pris  mari.  Le  professeur  Ricco  appela  à  son  aide  le 
»  professeur  Don  Joseph  Sorrentino  ,  et ,  après  avoir  fait  la 
»  préparation  avec  soin,  ils  trouvèrent  que  les  parties  exter- 
»  nés  étaient  du  sexe  féminin ,  et  que  les  organes  internes 
)>  étaient  du  sexe  masculin.  Ce  cas  singulier  intéresse  par 
»  sa  rareté ,  non-seulement  la  physiologie  ,  mais  la  clinique 
»  et  la  médecine  légale.  Pour  cela,  les  deux  professeurs 
»  ont  conservé  la  préparation  anatomique  ,  et  se  sont  occu- 
»  pés  de  livrer  à  l’impression  une  description  détaillée.  » 
(  Journal  des  Deux-Siciles ,  janvier  1802.) 

«  Un  cas  semblable  est  déjà  dans  la  science  ,  dit  M.  Geof- 
»  froy  Saint-Hilaire,  et  il  a  été  publié  par  le  docte  et  cé- 
«  lèbre  médecin  Maret ,  père  de  M.  le  duc  de  Bassano  (1). 
»  Ce  fut  au  sujet  d’un  individu  né  à  Bourbonne-les-Bains 
»»  (Hubert  Jean-Pierre),  qui  passa  pour  garçon,  et  qui 
»  mourut  âgé  de  dix-septans,  en  1767.  Toutefois,  ajoute 
»  M.  Geoffroy  Saint-Hilaire,  le  travail  de  Maret  avait 
»  laissé  dans  le  doute  les  physiologistes  contemporains, 


(i)  Mémoires  de  V Académie  de  Dijon  ,  t.  n. 


HERMAPHRODISME. 


J7  • 

j>  dominés  par  les  principes  d'une  école  ,  et  qui  n’admet- 
»  laient  comme  réelles  que  des  constitutions  finies  cTor- 
»  ganes,  que  des  arrangements  de  parties  harmonieusement 
»  coexistantes.  Selon  M.  Geoffroy  Saint-Hilaire ,  la  valeur 
»  d’opinion  dont  avait  besoin  récrit  de  Maret  ,  va  lui  être 
»  procurée  par  l’observation  précise  des  professeurs  Ricco 
»  et  Sorrentino  (1).  » 

Le  fait  des  médecins  italiens  est ,  pour  ainsi  dire ,  le 
pendant  de  celui  que  je  viens  de  communiquer  à  l’Acadé¬ 
mie.  Malheureusement ,  la  description  détaillée  qu’ils  ont 
promise  n’est  pas,  que  je  sache,  encore  publiée,  et  l’on 


(i)  Quelques  recherches  d’anatomie  comparative  '  avaient  préparé 
M.  Geoffroy  Saint-Hilaire  à  rencontrer  cette  singulière  anomalie  :  c’est 
que  ce  cas  de  déviation  à  l’égard  des  mammifères  devient,  au  contraire  , 
sous  un  rapport ,  un  état  de  règle  chez  les  reptiles.  L’organe  sexuel  de 
ceux-ci  se  partage  effectivement  en  deux  systèmes  à  peu  près  indépen¬ 
dants.  Tel  est ,  d’une  part ,  le  système  profond  qui  se  développe  de  dedans 
en  dehors ,  et  qui  naît  d’artères  fournies  par  l’aorte  descendante ,  et , 
d’autre  part ,  le  système  superficiel  qui  se  répand  de  l’extérieur  à  l’inté¬ 
rieur  ,  par  la  distribution  et  sous  l’influence  des  vaisseaux  de  la  peau.  Ces 
deux  systèmes  marchent  à  leur  mutuelle  rencontre  ,  et  s’abouchent  l’un 
avec  l’ autre ,  immédiatement  chez  les  mammifères ,  où  ,  anastomosés  et  con¬ 
fondus,  ils  ne  forment  plus  qu’un  seul  appareil  générateur;  et  médiatement 
chez  les  reptiles  ,  où  ,  quand  les  deux  systèmes  aboutissent  dans  un  récep¬ 
tacle  commun ,  surviennent  les  débouchés  de  l’appareil  urinaire ,  qui  s’in¬ 
terposent  entre  eux. 

«  Prévenu  par  de  tels  résultats  d’anatomie  transcendante,  j’ai  pu  ,  dit 
»  M.  Geoffroy  Saint-Hilaire,  à  mon  tour  ,  et  alors  sans  la  moindre  sur- 
»  prise  ,  observer  de  semblables  hermaphrodites.  Ces  cas  ne  sont  pas  très 
»  rares  chez  les  animaux  $  sans  doute  à  cause  de  la  facilité  qu’on  a  de  les 
»  examiner  tout  d’abord.  Je  les  ai  étudiés  deux  fois  chez  la  chèvre ,  et  un 
»  troisième  sujet  m’a  de  plus  été  offert.  La  première  fois,  ce  fut  sur  une 
»  chèvre  qu’un  receveur ,  à  Versailles  ,  M.  Lesueur ,  avait  donnée  à  la 
s  ménagçrie.  Cet  animal  mourut  durant  les  victoires  de  la  grande  semaine. 
»  Je  trouvai  un  moment  pour  l’examiner;  et,  quelque  temps  après  ,  l’A-. 
»  cade'mie  des  sciences  (séance  du  29  août  i83o)  voulut  bien  prêter  at- 


HERMAPHRODISME. 


îB 

sent  combien  est  incomplète  et  tronquée  la  relation  du  fait 
telle  qu’elle  a  paru  dans  le  Journal  des  Deux-Siciles. 

Tout  récemment,  M.  le  professeur  Mayer  (  Icônes  se - 
lectœ  præparatorum  musœi  anatomici  Bonnensis  )  vient 
de  publier  dix  cas  d’hermaphrodisme,  dont  cinq  appar¬ 
tiennent  à  l’espèce  humaine,  et  autant  aux  quadrupèdes 
(chèvre,  bouc).  Le  célèbre  anatomiste  ne  doute  point 
que  ces  faits  ne  répandent  une  vive  lumière  sur  l’obscure 
matière  à  laquelle  ils  se  rapportent.  Non  dubito  equidem , 
dit-il,  quin  decem  specimina  hermaphroditorum ,  quo¬ 
rum  quinque  ad  hominem ,  totidem  vero  ad  qnadru- 

»  tention  aux  nombreux  details  que  je  lui  communiquai  sur  ce  cas  inté- 
»  ressant  de  déviation  organique. 

»  L’attention  que  j’ai  donnée  à  ces  deux  états  de  l'appareil  génital  chez 
»  nos  chèvres  monstrueuses  ,  se  rapportait  à  une  sorte  de  confirmation  de 
»  généralités  posées  en  ma  Philosophie  anatomique ,  et  que  j’avais  résu- 
»  mées  ainsi  :  V appareil  générateur  se  sous-divise  en  deux  sous -appareils 
aussi  distincts  dans  leur  mode  et  leur  position  ,  que  dans  leur  structure  et 
»  leurs  fonctions  ;  tels  sont  :  i°  les  parties  internes  qui  fournissent  les  élé- 
»  ments  reproducteurs  ou  l’appareil  de  reproduction  ;  et  2°  les  parties 
»  externes  servant  à  f  union  des  deux  sexes ,  ou  à  l’appareil  de  copulation. 

»  De  tels  hermaphrodites  sont  improductifs  :  la  condition  différente 
»  des  deux  systèmes  ,  qui  se  soudent  ensemble,  empêche  l’harmonie  de 
»  leurs  relations  :  l’occlusion  des  canaux  y  forme  un  principal  sujet 
»  de  perturbation.  La  chèvre  de  M.  Lesuaur ,  animal  neutre  et  nui, 

»  se  maintint  dans  un  état  de  juste-milieu  ,  quant  à  sa  corpulence  :  les 
»  formes  du  premier  âge ,  d’abord  sveltes  et  amaigries  ,  vinrent  à  se  pro- 
x)  noncer  plus  fortement ,  mais  jamais  au  degré  qu’exprime  la  physionomie 
))  du  bouc,  néanmoins  bien  davantage  qu’il  n’eût  appartenu  à  une  chèvre 
»  de  le  faire.  » 

Nota.  Depuis  que  M.  Geoffroy  Saiut-Hiiairc  a  eu  connaissance  de 
l’observation  qui  fait  le  sujet  de  ce  Mémoire  ,  il  a  fait  l’acquisition  d’une 
nouvelle  chèvre  hermaphrodite.  Des  faits  de  ce  genre,  tombés  au  pouvoir 
d’un  aussi  savant  et  ingénieux  observateur  ,  ne  peuvent  manquer  d’être 
heureusement  fécondés  ,  et  de  donner  naissance  à  la  découverte  de  quelque 
importante  loi  tératologique  qui,  par  suite,  répandrait  une  nouvelle  lu¬ 
mière  sur  l’organogénie  normale  elle-même. 


HERMAPHRODISME. 


*9 

pedes  spectant ,  novam  în  hac  re  obscurâ  lucem  alla - 
tara  sint . 

Les  faits  d’hermaphrodisme  publiés  par  M.  Mayer  ,  avec 
des  planches  fort  belles ,  sont  assurément  très  précieux  ; 
mais  on  doit  regretter  vivement  que  l’anatomisle  allemand 
ne  se  soit  pas  livré  à  une  dissertation  approfondie  sur  l’her¬ 
maphrodisme  en  général ,  considéré  sur-tout  sous  le  point 
de  vue  de  ses  causes,  de  son  mécanisme  ou  de  son  mode 
de  production  (1). 

Les  cinq  faits  relatifs  à  l’espèce  humaine,  bien  que  pré¬ 
sentant  beaucoup  d’analogie  avec  le  nôtre,  ne  lui  ressem¬ 
blent  pourtant  pas  complètement.  Chez  tous  les  monstres 
observés  par  M.  Mayer ,  Thermaphrodisme  différait  sur¬ 
tout  de  celui  que  nous- avons  décrit  chez  Valmont  : 
i°  parce  que,  chez  eux,  les  ovaires  n’existaient  pas  (ils 
ne  sont  pas  mentionnés,  du  moins  dans  le  texte ,  ni  repré¬ 
sentés  dans  les  planches),  tandis  que  Valmont  en  était 
pourvu  ou  du  moins  possédait  des  organes  qui  ,  comme 
nous  l’avons  vu,  semblaient  tenir  à  la  fois  et  des  ovaires  et 
des  testicules  ;  2°  parce  que,  outre  les  testicules ,  les  vésicu¬ 
les  séminales,  les  canaux  déférents  et  éjaculateurs  se  ren¬ 
contraient  distinctement  chez  ces  hermaphrodites,  tandis 
que  nous  n’avons  trouvé  chez  le  nôtre  aucun  vestige  de  ces 
derniers  organes. 

Je  ne  dirai  rien  des  trois  premiers  cas  de  M.  Mayer,  qui 
ont  été  observés  chez  des  fœtus  de  quatre  à  six  mois  (2); 
mais  j’indiquerai  succinctement  les  principales  circon¬ 
stances  des  deux  autres  cas,  dont  l’un  a  pour  sujet  un 

(1)  Le  mot  hermaphroditogénèse  est  si  dur  que  je  n’ose  l’employer. 

(2)  Après  avoir  décrit  le  troisième  fœtus,  M.  Mayer  fait  remarquer  que 
l’hermaphrodisme  qu’il  présente  est  imparfait,  et  que,  chez  ce  sujet, 
t’élément  fe'minin  l’emporte  sur  l’élément  masculin.  (  Prœvalens  quidem 
natura  muliebris  est .  ) 


2 


20 


HERMAPHRODISME . 


jeune  homme  Je  dix-huit  ans ,  et  l’autre  un  vieillard  de 
quatre-vingts  ans  (  1  ) . 

Le  premier  de  ces  hermaphrodites,  parvenu  à  l’Age  de 
l’adolèscence ,  se  montrait  poli  et  affable  envers  les  indivi¬ 
dus  de  son  âge  ,  sans  égard  aucun  pour  leur  sexe.  Il  em¬ 
brassait  avec  une  ardeur  extrême  ses  jeunes  amis.  Enfant, 
il  se  livrait  à  tous  les  amusements  de  cet  âge,  sans  mani¬ 
fester  aucun  goût  pour  les  jouets  des  petites  filles.  A  un 
âge  plus  avancé,  il  éprouvait  des  érections,  s’il  faut  en  croire 
sa  mère,  laquelle  ne  manquait  jamais  de  lui  adresser  des 
reproches  sévères ,  lorsqu’elle  le  voyait  quelquefois  appli¬ 
quer  des  baisers  à  la  servante  de  la  maison.  Alors ,  craintif, 
triste  et  d’une  mauvaise  santé,  il  s’enfuit  du  logis.  Peu  de 
temps  après,  il  mourut  d’une  affection  chronique  de  l’ab¬ 
domen,  pour  laquelle  il  fut  reçu  ,  en  1821,  à  la  clinique 
de  Bonn,  Pendant  son  séjour  à  l’hôpital,  il  se  refusa  avec 
une  invincible  opiniâtreté,  à  l’examen  qu’on  voulait  faire 
de  ses  parties  génitales. 

Examen  du  cadavre .  Il  existait  un  pénis  long  de  deux 
pouces  neuf  lignes.  Du  sommet  du  gland  partait  un  sillon 
qui  s’étendait  en  bas  et  en  arrière  à  travers  le  scrotum;  ce 
dernier,  séparé  en  deux  parties ,  était  petit  et  vide  de  testi¬ 
cules.  On  trouva  un  utérus  semblable  à  la  matrice  des  qua¬ 
drupèdes.  Le  vagin  communiquait  avec  le  sillon  ou  canal 
indiqué  plus  haut.  La  prostate  existait.  De  chaque  côté  du 
col  de  l’utérus,  on  trouva  une  vésicule  séminale ,  pourvue 
de  son  conduit  éjaculateur.  Derrière  l’anneau  inguinal  droit, 
011  rencontra  un  testicule  peu  développé  ;  aucun  vestige  de 
testicule  n’apparut  dans  le  point  correspondant  du  côté 


(1)  Il  importe  d’autant  plus  de  signaler  ici  les  recherches  de  M.  Mayer 
que,  jusqu’à  présent  ,  chez  nous,  plusieurs  anatomistes  semblent  n’en 
avoir  aucune  connaissance. 


Hermaphrodisme. 


gauche.  De  l’un  et  l’autre  côté  on  ne  trouva  que  des  vestiges 
des  conduits  déférents.  Le  bassin  tenait  le  milieu  entre  celui 
de  la  femme  et  celui  de  l’homme,  etc. ,  etc.  (1). 

Terminons  par  les  réflexions  de  M.  Mayer  sur  ce  cas. 

«  Il  est  évident ,  dit-il ,  que ,  dans  le  corps  de  cet  homme  , 
appâraît  le  type  mâle  combiné  avec  le  type  féminin.  On 
reconnaît  le  type  viril  à  la  barbe,  assez  développée,  à  la 
grandeur  du  thorax,  à  l'exiguïté  des  mamelles,  enfin  à  la 
longueur  et  à  la  position  des  membres  inférieurs.  Le  type 
femelle  se  révèle  par  l’étroitesse  du  front ,  le  volume  du 
foie,  la  configuration  du  bassin. 

»  Les  parties  génitales  présentent  plus  particulièrement 
et  plus  manifestement  encore  les  caractères  réunis  de  l’un 
et  l’autre  sexe.  Les  organes  de  la  virilité  sont  :  le  pénis,  le 
scrotum,  la  prostate,  les  vestiges  du  testicule  gauche,  les 
vésicules  séminales  et  les  conduits  éjaculateurs.  Les  organes 
du  sexe  féminin  sont  le  vagin  et  l’utérus. 

»  Passons  au  second  cas,  qui  a  pour  sujet,  comme  nous 
l’avons  dit ,  un  vieillard  octogénaire.  Ce  vieillard  vécut  cé¬ 
libataire  et  mena  une  vie  sobre  et  tranquille.  Il  mourut  à 
l’âge  de  quatre-vingt-deux  ans,  dans  un  état  de  démence 
sénile. 

»  Le  cadavre  était  long  d’environ  quatre  pieds;  la  poi¬ 
trine  avait  des  dimensions  viriles ;  les  mamelles  étaient 
petites  ;  le  bassin ,  large  et  déprimé,  se  rapprochait  de  celui 
de  la  femme  plus  que  de  celui  de  l’homme. 

»  Le  membre  viril  n’a  qu’un  pouce  dix  lignes  de  loii- 


(i)  Voici  les  propres  termes  de  M.  Mayer  :  Pelwim  cadaveris  exsiccatam 
seriiis  emensi  surnus  earrique  tune  perspicuè  virili  cecjuè  ac  cum  rite  effor - 
matafeminea  pelvi  cadaveium  ejusdern  jtre  cetutis  et  magnitudmis  cornpa- 
ravimus ,  ex  cjua  comparatione  mirum  in  modum  ,  manifestum  eral  pelvirn 
hujus  hermaphroditi  medium  tenere  inter  dans  illas  et  characteribus  utrius~ 
que  sexûs  gaudere. 


22 


HERMAPHRODISME. 


gueur,  mais  est  assez  gros.  Depuis  le  sommet  du  gland  jus¬ 
qu’à  la  racine  de  la  verge  ,  existe  un  demi-canal ,  à  peu  près 
comme  chez  le  précédent  hermaphrodite. 

»  A  gauche,  derrière  l’anneau  inguinal,  on  trouve  un 
testicule  muni  de  sou  canal  déférent.  Dans  la  cavité  du 
bassin  apparaît  une  matrice  de  texture  ordinaire;  les  lèvres 
de  l’orifice  manquent  ;  la  cavité  de  l’utérus  se  continue  dans 
un  vagin  plus  étroit  qu’elle  ,  et  dont  la  surface  interne  est 
rugueuse.  Sur  les  côtés  du  col  de  l’utérus  se  montrent  deux 
vésicules  oblongues,  dont  la  gauche  reçoit  le  conduit  dé¬ 
férent  déjà  mentionné,  et  sa  cavité  multiloculaire  se  ter¬ 
mine  en  un  canal  éjaeulateur,  qui  va  s'ouvrir  dans  le  vagin, 
non  loin  de  l’orifice  commun  de  ce  dernier  et  de  l’urèlhre. 
La  partie  antérieure  du  vagin  traverse,  en  se  rétrécissant , 
le  corps  d’une  prostate  bien  conformée,  et  se  confond  en¬ 
suite  avec  l’urèthre.  La  vésicule  séminale  droite  n’ofïYe  aucun 
rudiment  de  canal  éjaeulateur  ,  ni  de  conduit  déférent  ,  et 
e’est  en  vain  qubn  -cherche  le  testicule  dans  le  côté  droit. 

Chez  ce  sujet,  dit  M.  Mayer,  les  organes  masculins  sont 
donc  :  un  testicule,  un  conduit  déférent,  une  vésicule  sé¬ 
minale  ,  un  canal  éjaeulateur  du  côté  droit ,  une  vésicule 
séminale  droite,  hne  prostate,  un  pénis  d'un  volume  mé¬ 
diocre. — Un  vagin  ,  une  matrice,  constituent  les  organes 
féminins.  » 

Prévenons  maintenant  à  la  discussion  de  la  fameuse  ques¬ 
tion  de  l’ hermaphrodisme. 

Les  faits  précédents  étant  connus,  on  conçoit  à  peine 
comment  de  graves  auteurs  ont  soutenu  qu’il  n’existait 
point  de  véritable  hermaphrodisme  chez  l’homme  et  les 
espèces  les  plus  rapprochées  de  lui ,  prétendant  que  tous 
les  faits  allégués  en  faveur  de  cette  monstruosité*,  consis¬ 
taient  uniquement  «  en  des  vices  de  conformation  des  par- 
»  ties  sexuelles  externes  ,  qui  donnaient  à  ces  parties  le 


I 


HERMAPHRODISME.  $3 

)>  faux  aspect  d’une  reunion  plus  ou  moins  complète  des 
)y  attributs  des  deux  sexes  dans  un  même  individu  :  tels 
»  sont,  parmi  ces  vices  de  conformation  ,  un  excessif  dé- 
»  veloppemenl  du  clitoris  chez  la  femme  ,  un  hypospadias 
»  chez  l’homme,  etc.  » 

Ce  pseudo  -hermaphrodisme  n’est  pas,  en  effet,  le  seul 
que  l’on  puisse  rencontrer,  témoins  les  faits  précédemment 
cités.  Les  raisons  que  font  valoir  les  partisans  du  non- 
hermaphrodisme  vrai ,  sont ,  d’ailleurs  ,!plus  édifiantes  que 
solides  et  philosophiques.  On  dit  que  l’hermaphrodisme  , 
constituant,  pour  ainsi  dire,  un  crime  àe  lèze-organisation 
au  premier  chef ,  il  est  impossible  que  la  nature  s’en  soit 
rendue  coupable.  On  admet  bien  qu’elle  peut,  par  une 
espèce  de  plaisanterie  ( ludibria  naturœf  se  permettre  quel¬ 
quefois  certains  écarts,  mais  on  ne  veut  pas  qu’elle  pousse 
jamais  le  jeu  jusqu’à  créer,  chez  le  même  individu  , 
des  organes  sexuels  dont  les  uns  seraient  mâles  et  les  autres 
femelles  (1).  Ainsi  que  nous  le  disions  tout  à  l’heure, 
c’est  assurément  une  chose  touchante  que  de  se  constituer 
ainsi  le  défenseur  officieux  de  la  nature,  et  d’en  ap¬ 
peler  à  une  sorte  d'impossible  moral  pour  prouver  que 
cette  nature  ne  saurait  construire  un  monstre  où  se  trou¬ 
veraient  violées  les  lois  fondamentales  qu’elle-même  s’est , 
dit-on,  imposées.  Mais  il  fallait,  avant  de  composer  un 
aussi  éloquent  plaidoyer,  bien  examiner  les  faits  :  car  ce 


(i)  Il  n’est  pas  nécessaire  de  dire  que  la  nature ,  dans  notre  espèce ,  ne 
peut  faire  ,  humainement  parlant ,  cjiiun  seul  et  même  individu  ,  soit  à  la 
fois  complètement  mâle  et  femelle,  en  d’autres  termes  que  deux  person¬ 
nes  n’en  constituent  qu’une.  Mais  pour  qu’il  y  ait  hermaphrodisme  , 
dans  lé  sens  philosophique  de  ce  mot ,  il  n’est  besoin  que  de  l’existence, 
chez  un  seul  et  même  individu,  d’un  système  d’organes  génitaux  dont  les 
uns  sont  males  et  les  autres  femelles  y  et  non  du  miracle  de  deux  individus , 
Vun  male  y  Vautre  femelle ,  nyen  faisant  quun  seul.  Ne  transformons  pas 
une  question  de  choses  en  une  simple  et  puérile  question  de  mots. 


HERMAPHRODISME. 


a  4 

qui  est  ne  cesse  pas  d'être,  parce  que  nous  avons  déclaré 
que  cela  ne  doit  pas  être.  Quant  à  la  prétendue  violence 
que  la  nature  exercerait  contre  ses  propres  lois  ,  nous  pou¬ 
vons  être  tranquilles  à  cet  égard  ;  car  les  loisque  nous  appe¬ 
lons  ainsi  les  propres  lois  de  la  nature,  sont  précisément 
celles  que  notre  intelligence  lui  prescrit  ;  et  je  ne  vois  pas 
quelle  serait  l’énormité  du  délit  de  la  nature,  en  supposant 
qu’elle  eût  enfreint  le  Code  étroit  dans  lequel  quelques 
princes  de  l’empire  philosophique  l’ont,  en  quelque  sorte, 
enchaînée. 

Loin  donc  que  l’hermaphrodisme,  puisqu’il  existe,  soit 
une  infraction  absolue  aux  lois  de  la  nature,  il  est  évident 
qu’il  constitue  lui-même  une  loi  naturelle  ;  car  tout  a  ses 
lois,  comme  l’a  dit  Montesquieu.  Convenons  seulement  que 
c’est  là  une  de  ces  lois  exceptionnelles  dont  la  puissance 
organisatrice  ne  fait  très  heureusement  pas  un  trop  fréquent 
usage. 

Les  faits  qui  déposent  en  faveur  de  l’existence  de  l’her¬ 
maphrodisme,  comparés  sous  le  rapport  numérique  à  ceux 
de  l’ordre  normal,  sont  même  en  telle  minorité,  qu’il 
n’est  pas  surprenant  qu’on  n’en  ait  si  long- temps  tenu 
presque  aucun  compte.  Mais  le  moment  paraît  venu  de 
ne  plus  reléguer  au  rang  des  fables  toute  espèce  de 
forme  de  véritable  hermaphrodisme.  Que  l’on  nie  la 
possibilité  d’un  complet  hermaphrodisme  ,  celui  des 
temps  mythologiques  excepté  ,  c’est  une  opinion  contre  la¬ 
quelle  personne  ,  je  le  répète  ,  ne  songera  à  s’élèver.  Il 
11e n  est  pas  de  même  de  l’hermaphrodisme  incomplet, 
partiel,  j’ai  presque  dit  du  quasi-hermaphrodisme ,  de  celui 
enfin,  ou,  comme  dans  les  faits  que  nous  avons  cités,  on 
trouve  à  la  fois  chez  un  même  individu  ,  non  pas  tous  (es 
organes  du  sexe  mâle  et  du  sexe  femelle,  mais  quelques- 
uns  des  organes  de  ce  double  sexe. 

Ce  genre  d’hermaphrodisme  étant  admis  ,  on  conçoit 


HERMAPHRODISME. 


25 

qu’il  comporte  plusieurs  espèces,  puisque  les  organes.de  la 
génération  étant  assez  multipliés  chez  l’un  et  l’autre  sexe, 
ils  peuvent  être  le  principe  d'une  foule  de  monstrueuses 
combinaisons.  Il  est  prudent,  d'ailleurs,  d’attendre  les  faits 
pour  préciser  ces  combinaisons,  peut-être  beaucoup  moins 
nombreuses  qu’on  ne  serait  tenté  de  le  croire  au  premier 
abord ,  puisqu’il  est  probable  que  le  principe  ou  la  loi  des 
connexions  (  Geoffroy  Saint-Hilaire)  doit  nécessairement 
s’opposer  à  quelques-unes  de  celles  que  l’esprit  nous  fait 
concevoir  comme  mathématiquement  possibles. 

Cependant,  que  deviendra  toute  cette  discussion,  si  l’on 
veut  (et  la  volonté,  pour  quelques-uns,  tient  lieu  de  raison 
et  de  preuves)  que  le  sujet  de  noire  observation  ne  soit  pas 
un  hermaphrodite  ?  Le  très  habile  anatomiste,  M.  Manec 
(  voyez  les  notes  ci-annexées  ) ,  semble  disposé  à  ranger  Vat- 
mont  parmi  les  femmes;  il  ne  craint  pas  de  se  mettre  ainsi 
en  opposition  et  avec  l’état  civil,  et  avec  l’église,  et  avec 
Yalmont  lui-même ,  qui  a  porté  le  courage  et  le  sentiment 
de  la  Tirilité,  jusqu’à  prendre  femme  !  Je  l’avouerai ,  toute¬ 
fois  ,  il  n’est  pas  de  loi  qui  nous  oblige  à  croire  à  X infailli¬ 
bilité  de  l’état  civil  et  de  l’église  même,  en  matière  de  mons¬ 
truosité  ,  et  si ,  à  cet  égard ,  je  n’avais  à  choisir ,  les  faits  mis 
de  côté,  qu’entre  l’opinion  d’un  maire  et  d’un  curé  ,  et  celle 
de  M.  Manec,  je  n’hésiterais  pas  long-temps.  Mais  il  me 
paraît  bien  difficile,  en  se  conformant  rigoureusement  aux 
données  de  la  saine  anatomie ,  de  trouver  dans  Valmont 
tous  les  éléments  d’une  femme,  et  de  n’y  trouver  que  les 
vrais  et  purs  éléments  de  la  femme.  Quelle  femme  ,  bon 
Dieu  !  qu’un  individu  qui  n’a  pas  de  vulve ,  qui  n’a  qu’un 
rudiment  de  vagin,  faisant  suite  à  l’extrémité  vésicale  de 
l’urèthre ,  et  qui  possède  une  verge ,  un  scrotum,  une  pro¬ 
state  et  des  glandes  de  Coowper  bien  conformées  !  quel 
homme,  en  vérité,  voudrait  pour  compagne  une  femme 
ainsi  conditionnée?  Mais,  dira-t-on,  si  ce  n’était  une  femme, 


HERMAPHRODISME. 


2É) 

c’était- donc  un  homme  que  ce  Yalmont ,  car  il  faut  bien  en 
faire  quelque  chose  et  le  placer  quelque  part?  Sans  doute  , 
il  en  faut  faire  quelque  chose  et  le  placer  quelque  part; 
néanmoins,  ce  n’est  ni  une  femme,  ni  un  homme  dans  toute 
leur  pureté;  c’est  un  composé  d’homme  et  de  femme  ?  une 
sorte  de  troisième  sexe ,  de  métis  ou  de  mulet  sexuel .  Voilà  ce 
qu’est  Yalmont;  sa  place  ne  peut  être  ailleurs  que  parmi  les 
hermaphrodites  (en  donnant  au  mot  hermaphrodisme  l’ac¬ 
ception  large  que  nous  lui  avons  reconnue  précédemment, 
c’est-à-dire  en  étendant  ce  nom  aux  cas  dans  lesquels  on 
trouve  chez  un  même  individu  quelques-uns  seulement  des 
organes  génitaux  des  deux  sexes ,  tandis  que  les  or¬ 
ganes  communs  au  mâle  et  à  la  femelle  se  présentent  sous 
une  forme  intermédiaire  qui  n’est  exactement  et  parfaite¬ 
ment  ni  celle  des  organes  masculins  ,  ni  celle  des  organes  fé¬ 
minins).  On  dirait  que  pour  la  construction  de  notre 
monstre,  il  s’est  établi  une  lutte  entre  le  nisus  for mativ us 
masculin  et  le  nisus  formativus  féminin,  et  que,  par  une 
sorte  de  compromis  ou  de  transaction  entre  ces  deux  forces 
exclusives ,  il  est  résulté  de  leurs  tendances  combinées  le 
produit  mixte  ou  neutre  dont  on  a  vu  plus  haut  la  des¬ 
cription.  Il  est  donc  à  souhaiter,  pour  le  bonheur  et  la  per-- 
pétuité  de  l’espèce  humaine,  qu’il  ne  prenne  pas  souvent 
fantaisie  à  la  nature  génératrice  de  procéder  ainsi  par  la  voie 
ou  le  système  de  fusion. 

QueValmont,  maintenant  que  l’ouverture  de  son  corps  a 
trahi ,  si  l’on  ose  ainsi  dire,  son  incognito ,  en  nous  faisant 
constater  chez  lui  l’existence  d’un  utérus  et  d’ovaires  rudi¬ 
mentaires  (M.  Manec),  soit  pris,  sous  ce  rapport,  pour  un 
être  plus  voisin  de  la  femme  que  de  l’homme,  je  ne  vois  pas 
qu’on  puisse  se  refuser  à  l’accorder;  mais  ce  qu’il  n’est  peut- 
être  pas  moins  juste  de  reconnaître,  c’est  que  pendant  la  vie 
de  cet  individu,  il  n’eût  pas  été  possible  ,  dans  Tétât  actuel 
de  la  science,  de  le  prendre  pour  une  femme  plutôt  que  pour 


hermaphrodisme. 


27 

un  homme.  Aussi,  cet  individu,  jusqu’au  moment  où  il  a 
été  ainsi  traduit  devant  le  tribunal  de  l’infaillible  autopsie 
cadavérique,  a-t-il  été  admis  à  la  dignité  d’homme,  et  bien 
qu’il  en  ait,  sans  aucun  doute,  assez  mal  fait  les  honneurs, 
du  moins  a-t-il  pu  en  usurper  impunément  les  droits  pen¬ 
dant  plus  de  soixante  ans,  tandis  qu’il  est  clair  comme  le 
jour  qu’il  n’eût  pas  long-temps  conservé  le  titre  de  femme, 
si  l’on  se  fût  avisé  de  l’eu  revêtir,  même  avec  l’autorisation 
de  quelqu’un  de  nos  anatomistes  les  plus  distingués. 

Le  fait  que  nous  venons  d’exposer,  quflque  extraordi-  e 
naire,  exceptionnel,  extra-légal  qu’il  paraisse  au  premier 
abord,  n’en  est  pas  moins  soumis,  comme  nous  l’avons  dit 
plus  haut,  à  des  conditions  nécessaires,  à  des  lois  voulues 
qu’il  s’agirait  maintenant  de  pénétrer.  Ces  lois,  ces  condi¬ 
tions  n’étant  que  des  modifications  des  conditions  et  des 
lois  normales,  il  est  clair  que  la  connaissance  de  ces  der¬ 
nières  constitue  une  donnée  de  la  plus  haute  utilité  pour  la 
détermination  des  autres  ,  et  réciproquement.  Or  bien  que 
le  voile  dont  la  nature  se  plaît  à  envelopper  Tacte  mysté¬ 
rieux  de  la  génération,  n’ait  encore  été  qu’incomplétement 
déchiré,  on  doit  convenir  néanmoins ,  que,  grâce  aux  re¬ 
cherches  de  plusieurs  anatomistes  modernes  ,  la  nature  en 
quelques  points  de  celte  grande  fonction,  a  été ,  pour  ainsi 
dire,  prise  sur  le  fait  (1). 

Les  lois  de  l’organogénie  ou  de  l’évolution  des  germes  ont 
déjà  été  appliquées  avec  succès  à  la  théorie  de  plusieurs 
espèces  de  déviations  anormales.  Toutefois,  je  ne  sache  pas 
que ,  jusqu’ici ,  on  ait  fait  cette  heureuse  application  à  quel¬ 
que  cas  appartenant  à  la  même  catégorie  que  celui  de  Val- 


(i)  Voyez  l’ouvrage  que  vient  de  publier  tout  récemment  M.  Serres, 
sur  le6  formations  normales  et  anormales. 


HERMAPHRODISME. 


‘>.8 

mont.  Ce  n’est  donc  qu’en  tremblant  et  d’un  pied  incertain 
que  nous  allons  nous  engager  dans  le  dédale  obscur  de  ce 
point  de  tératogénie .  Mais  il  y  a  quelque  chose  de  si  at¬ 
trayant  dans  le  plaisir  de  sonder  le  mystère  de  la  création 
d’un  homme,  même  quand  il  n’est  pas  fait  à  notre  image 
que  nous  n’avons  pu  résister  à  cette  tentation. 

La  monstruosité  de  Valmont  suppose  de  deux  choses 
l’une  :  ou  que  le  germe  dont  Valmont  n’est  que  le  dévelop¬ 
pement,  contenait  lui-même,  primordialement,  les  éléments 
5de  cette  monstruosité,  ou  bien,  au  contraire,  que  le  germe, 
primordialement  parfait ,  ne  s’est  ainsi  dévié  de  son  évolu¬ 
tion  normale  que  sous  l’influence  de  circonstances  acciden¬ 
telles.  Admettre  la  première  supposition  ^  ne  serait  réelle¬ 
ment  que  reculer  la  difficulté;  elle  est,  d’ailleurs,  en  op¬ 
position  aux  idées  les  plus  généralement  reçues  aujourd’hui 
parmi  les  anatomistes.  Voyons  donc  comment  la  seconde 
supposition  pourra  se  prêter  à  l’explication  de  notre  fait. 

Soit,  par  hypothèse  ,  une  double  conception  ou  diplogé- 
nèse;  supposons  encore  que  celte  double  conception  se  com¬ 
pose  d’un  germe  à  sexe  mâle  et  d’un  germe  à  sexe  femelle. 

Admettons,  enfin,  que  ces  deux  germes,  fortement  pressés 
l’un  contre  l’autre  au  sein  de  l’utérus ,  au  lieu  de  contracter 
de  simples  adhérences,  aient  été  forcés  de  ne  former  qu’une 
seule  masse,  apte  à  conserver  le  mouvement  vital. 

Tout  ceci  étant  admis,  que  peut-il  arriver?  i°  les  parties 
communes  ou  similaires  de  l’individu  mâle  et  de  l’individu 
femelle,  en  vertu  de  la  loi  dite  d'affinité  vitale  ,  ont  du  se 
réunir,  se  pénétrer,  s’emboîter  réciproquement,  et  de  cette 
fusion  intime  a  dû  naître  une  organisation  douteuse,  mixte, 
neutre,  comme  si  les  parties  s’étaient  réciproquement  satu¬ 
rées  ;  enfin,  une  organisation  qui  ne  sera  ni  celle  de  l'homme, 
ni  celle  de  la  femme ,  dans  toute  leur  pureté,  mais  bien  une 
sorte  de  résultante  anatomique  de  l’une  et  de  l’autre. 


HERMAPHRODISME. 


*9 

2°  Nous  venons  de  voir  comment ,  par  une  espèce  de  décom¬ 
position  des  deux  éléments  de  la  conception  supposée,  le 
produit  de  cette  double  conception  s’est  développé  en 
suivant  ,  pour  ainsi  dire ,  une  diagonale  entre  les  carac¬ 
tères  du  sexe  masculin  et  du  sexe  féminin  ,  sous  le  rapport 
des  parties  que  possèdent  en  commun  ces  deux  sexes.  Il  s’a¬ 
git  maintenant  de  montrer,  ou  plutôt  d’imaginer  comment 
se  sont  comportées  les  parties  génitales  qui  distinguent  ces 
deux  sexes  l’un  de  l’autre.  On  ne  peut  concevoir  une  véri¬ 
table  fusion  entre  des  organes  essentiellement  différents  les 
uns  des  autres.  Ainsi ,  par  exemple,  l’utérus  et  ses  annexes  , 
chez  la  femme,  ne  trouvent  point  chez  l'homme  des  organes 
analogues  avec  lesquels  ils  puissent  se  fondre  er  s’identifier. 
Il  devra  donc  arriver  nécessairement  que  cet  organe  et  ses  an¬ 
nexes,  dans  le  cas  que  nous  avons  supposé,  se  développeront 
avec  leurs  attributs  simples  et  caractéristiques,  ainsi  que  nous 
lavons  observé  chez  Yalmont.  Quant  aux  parties  sexuelles, 
qui ,  sans  être  absolument  les  mêmes  chez  l’homme  et  la 
femme,  présentent  néanmoins  des  analogies  assez  marquées 
(scrotum  et  grandes  lèvres,  pénis  et  clitoris,  ovaires  et 
testicules,  etc.),  ne  peuvent-elles  pas,  pendant  leurs  efforts  si¬ 
multanés  d’évolution,  se  fondre  en  des  organes  d’un  type  in¬ 
termédiaire  entre  les  types  mâle  et  femelle  ,  ou  bien  offrir 
diverses  nuances  de  combinaison  dans  lesquelles  on  verrait 
prédominer  tantôt  l’élément  masculin  ,  tantôt  l’élément 
opposé? 

Quoi  qu’il  en  soit  de  l’hypothèse  que  nous  avons  imaginée 
pour  nous  rendre  raison  d.e  la  monstruosité  de  Valmont,  il 
est  incontestable  que  cette  monstruosité  nous  offre  un  exem¬ 
ple  de  la  coïncidence,  chez  un  seul  et  même  individu,  d’or^ 
ganes  génitaux  dont  les  uns  sont  propres  à  la  femme,  et  les 
autres  à  l’homme.  Et  dans  ce  cas  même  ,  qui  paraît,  au  pre¬ 
mier  abord ,  le  type  du  plus  complet  désordre,  où  la  nature 


3o 


HERMAPHRODISME. 


semble  réellement  avoir  mis  ses  propres  lois  hors  la  loi  ;  nous 
trouvons  ,  cependant  une  admirable  confirmation  de  cette 
grande  loi, savoir, que pourse révéler  principalementetessen- 
tiellement  par  les  organes  génitaux  ,  le  sexe  d’un  individu  ne 
s’en  manifeste  pas  moins  par  une  certaine  forme,  par  une  dis¬ 
position  donnée  de  tous  les  autres  organes  en  général.  Nous 
voyons,  en  effet,  que  Valmont  ne  tient  pas  seulement  de 
l’un  et  de  l’autre  sexe  par  ses  organes  génitaux,  mais  qu’il  en 
est  également  ainsi  sous  le  point  de  vue  de  tout  le  reste  de 
son  organisation ,  et  spécialement  sous  le  rapport  de  son 
habitude  extérieure.  Ainsi  donc,  quelque  monstrueuse  que 
soit  l'organisation  de  Valmont ,  elle  prouve  pourtant  que 
la  nature  ,  en  y  procédant ,  a  ,  si  j'ose  parler  ainsi ,  été  jus¬ 
qu'à  un  certain  point ,  conséquente  et  logique ,  comme  dans. 
les  cas  où  elle  produit  les  organisations  normales. 

§  III.  Considérations  médico  -  légales . 

Ce  n’esl  pas  simplement  sous  le  rapport  anatomique 
et  physiologique  que  la  .monstruosité  de  Valmont  pré¬ 
sente  un  grand  intérêt.  Elle  soulève  aussi  de  hautes 
questions  de  médecine  légale,  de  philosophie,  voire  même 
de  politique. 

Posons  d’abord  en  principe  ,  comme  l’a  déjà  fait 
M.  Geoffroy  Saint-Hilaire,  que  le  genre  de  monstruosité 
auquel  se  rallie  celle  de  Valmont,  entraîne  naturelle¬ 
ment  une  double  stérilité  (i). 

Il  suit  d’abord  de  ce  principe,  que  le  mariage  devrait 
être  interdit  à  un  individu  tel  que  Valmont;  que  si 


(i)  Qu’arriverait-il  si ,  sacliant  qu’il  existe  chez  un  animal  à  organes 
génitaux  extérieurs  mâles  ,  un  utérus  et  des  ovaires  bien  conformés  ,  quel¬ 
que  audacieux  Spallanzani  faisait  parvenir  artificiellement  par  le  canal 
urétro-yagina!  de  cet  animal,  une  certaine  quantité  de  liqueur  séminale  ? 


HERMAFHR0D1S1VÏE. 


3l 


néanmoinscet  individu,  comme  Ta  fait  Valmont,  contrac¬ 
tait  mariage,  ne  trouverait-on  pas  dans  une  telle  mons¬ 
truosité,  une  raison  plus  que  suffisante,  de  demande  (n 
séparation  de  la  part  du  conjoint ,  et  le  divorce  ne  de¬ 
vrait-il  pas  être  permis  au  moins  pour  des  cas  de  cette 
catégorie?  Une  telle  union  n’outragerait-elle  pas,  en 
effet,  la  morale  et  la  physiologie  ,  bien  que  notre  Code 
civil  n’ait  encore  rien  dit  à  ce  sujet  ? 

Ce  n’est  pas  tout  :  non-seulement  la  monstruosité  de 
Valmont  doit  emporter  la  privation  d’une  foule  de  droits 
civils,  mais  elle  paraît  encore  incompatible  avec  l’exer¬ 
cice  de  certains  droits  politiques;  et  en  attendant  que  la 
cinquième  classe  de  l’institut  soit  définitivement  cons¬ 
tituée,  l’Académie  nous  permettra-t-elle,  par  exemple  9 
de  lui  demander  si  un  Valmont ,  en- supposant  qu’il  eût 
et  l’àge  et  le  cens  requis,  serait  habile  à  remplir  les  fonc- 
lionséminemment  viriles  de  juré,  ^électeur  ou  de  député? 
qui  oserait  émanciper  ainsi  des  individus  tjui  n^appar- 
tiennent  complèlement  à  aucun  sexe,  et  qui  sont  en 
quelque  sorte  doublement  eunuques  ? 

En  supposant  qu’un  jour  la  peine  de  mort  civile  et 
politique  pût  être  infligée  aux  monstres  de  l’espèce  de 
Valmont,  il  y  aurait  loin  de  cette  sévérité  a  la  barbarie 
de  la  loi  des  douze  Tables,  qui  les  condamnait  à  la  mort 
physique. 

Il  nous  serait  facile  de  multiplier  les  questions  du 
même  ordre  que  les  précédentes.  Mais  ce  serait  abuser  de 
la  patience  de  l’Académie,  et,  d’ailleurs,  elles  se  pré¬ 
sentent  trop  naturellement  à  l’esprit,  pour  qu’il  soit 
nécessaire  de  nous  en  occuper  plus  long-temps. 

Passons  à  une  question  qui  domine  réellement  toutes 
les  précédentes,  et  dont  la  solution  doit  être  donnée, 
avant  qu’on  puisse  aborder  les  autres  avec  quelque  avau- 


3‘i 


H*ERMAPII«0D1SME. 


tage.  Voici  cette  question:  comment,  d’après  la  simple 
inspection  extérieure,  reconnaître  si  un  individu  tel  que 
Valmont  ,  est  bien  hermaphrodite?  Un  tel  diagnostic 
n’esi-il  pas  au-dessus  de  nos  moyens  actuels?  Sans  doute, 
il  est  hérissé  de  grandes  difficul  tés ,  et  environné  d’incer¬ 
titudes  énormes,  que  de  nouveaux  faits  pourront  seuls 
complètement  lever;  toutefois,  en  attendant  que  des 
faits  de  ce  genre  ,  grâce  au  ciel  très  rares,  aient  été  exac¬ 
tement  recueillis,  peut-êire  serait-ce  devancer  heureuse¬ 
ment  l’observation  que  d’oser  affirmera  priori, ou  plutôt 
en  se  fondant  uniquement  sur  les  faits  précédemment 
cités  ,  que  chez  un  individu  dont  la  verge  serait  mé- 
diocrement  développée,  dont  le  scrotum  ni  les  régions 
inguinales  ne  présenteraient  aucune  trace  de  testicules  , 
et  qui  en  même  temps  ,  considéré  dans  les  autres  appareils 
de  son  économie  ,  tiendrait  le  milieu  entre  l’homme  et  la 
femme;  que  d'oser  affirmer,  dis-je,  que  cet  individu  porte 
à  l’intérieur  cjuclqucc-uns  des  organes  seruels  propres 
à  la  femme ,  et  constitue  sous  ce  point  de  vue  un  herma¬ 
phrodite  incomplet,  un  semi-hermaphrodite.  Cette  sorte 
de  prévision  serait  plus  probable  encore,  si  pendant  la 
vie,  il  s’était  opéré  chaque  mois  par  l’urèthre,  un  écoule¬ 
ment  sanguin  ou  flux  menstruel  ? 

Au  reste,  la  solution  d’un  pareil  problème  est  au- 
dessus  des  personnes  chargées  civilement  de  constater  le 
sexe  des  nouveau-nés,  et  l’on  conçoit  que  si  la  mons¬ 
truosité  de  Valmont  était  aussi  commune  qu’elle  est,  au 
contraire  ,  rare  ,  il  deviendrait  urgent  d’apporter  quel¬ 
ques  modifications  dans  le  choix  du  personnel  chargé  de 
veiller  à  la  détermination  des  sexes. 

En  voilà  bien  assez,  beaucoup  trop,  peut-être,  sur 
la  question  de  l’hermaphrodisme.  Nous  demandons  par¬ 
don  à  l’Académie,  des  moments  que  nous  lui  avons  fait 


ftERMÀPHRODlSME. 


33 


perdre.  Il  eût  été  plus  sage  de  notre  part  de  nous  en 
tenir  à  la  simple  exposition  du  fait  que  nous  ayons 
observé.  Il  n’appartient  eifectivement  qu’à  cette  savante 
compagnie  de  connaître  de  toutes  les  questions  que  sou¬ 
lève  ce  fait.  En  le  soumettant  en  quelque  sorte  au  choc 
d’une  discussion  académique,  on  a  la  ferme  et  satisfai¬ 
sante  conviction  ,  qu’il  ne  restera  pas  entièrement  stérile. 
Pourrait-on  avoir  quelques  doutes  à  cet  égard,  si  l’on 
réfléchit  que  cette  Académie  possède  dans  son  sein  l’é¬ 
lite  des  hommes  qui  ont  imprimé  à  la  science  des  dévia¬ 
tions  organiques,  une  direction  si  philosophique  ?  n’est- 
ce  pas ,  en  effet,  à  l’un  de  ses  membres,  que  Bissieu  doit 
sa  monstrueuse  immortalité?  n’est-ce  pas  aussi  à  d’autres 
de  nos  honorables  collègues,  qu’il  faut  attribuer  la  gloire 
d’avoir  dévoilé  le  double  mystère  de  Ritta-Christina  ? 

Grâces  à  vos  lumières,  Messieurs,  Valmont  servira 
à  son  tour  aux  progrès  de  la  science.  Quant  à  nous, 
nous  ne  revendiquerons  que  le  bonheur  d’avoir  pu  four¬ 
nir  à  l’Académie  l’occasion  de  faire  quelque  découverte 
nouvelle ,  ou  de  confirmer  quelques  principes  encore 
contestés. 

CONCLUSION. 

Il  résulte  des  faits  contenus  dans  ce  travail  ,  que 
l’on  ne  saurait  révoquer  désormais  en  doute  l’existence 
de  Y  hermaphrodisme  vrai ,  mais  incomplet  et  tel  que 
nous  l’avons  compris  plus  haut. 

Le  fait  qui  nous  est  propre,  prouve  en  particulier 
qu’il  peut  naître  des  individus  de  l’espèce  humaine  qui 
participent  à  la  fois  ,  sous  le  rapport  des  organes  géni¬ 
taux,  et  du  type  masculin  et  du  type  féminin ,  et  qui, 
sous  le  point  de  vue  des  autres  organes  en  général, 
communs  à  l’un  et  à  l’autre  sexes  ,  offrent  une  sorte 


34 


HERMAPHRODISME. 


de  mezzo  termine  entre  l’homme  et  la  femme,  va¬ 
riété  d’hermaphrodisme,  qui  ne  me  paraît  pas  avoir 
encore  suffisamment  fixé  l’attention  des  tératologistes  ,  et 
que  l’on  pourrait  désigner  en  attendant  mieux ,  sous  le 
nom  à' inter-hermaphrodisme.  Peut-être,  devrait-on  , 
pour  ne  rien  préjuger  sur  l’essence  même  de  cette 
monstruosité,  la  distinguer  par  le  nom  du  sujet  qui 
nous  l’a  présentée  ,  et  créer  alors  l’expression  d’her¬ 
maphrodisme  V almontien . 

Ceux  qui  nient  avec  opiniâtreté  l’existence  de  tout 
autre  hermaphrodisme  que  celui  auquel  ils  ont  donné 
le  nom  de  pseudo-hermaphrodisme,  nous  accuseront, 
sans  doute,  d’une  crédulité  presque  superstitieuse,  pour 
avoir  admis,  chez  Valmont,  une  espèce  particulière  de 
vrai  hermaphrodisme.  Un  tel  reproche  nous  touchera 
peu.  U  faut  croire  à  ce  qui  est,  fût-ce  un  miracle  :  de 
toutes  les  superstitions,  si  l’on  peut  se  servir  de  cette 
expression  en  matière  de  sciences  naturelles  ,  la  pire  ne 
consiste  point  à  croire  à  ce  qui  n’est  pas,  mais  bien  à  ne 
pas  croire  à  ce  qui  est. 

Enfin ,  répétant  la  saine  maxime  qui  nous  a  servi  d’é¬ 
pigraphe ,  nous  dirons  en  terminant?  «  Dans  les  faits 
«  qui ,  comme  celui-ci ,  s’éloignent  des  opinions  reçues, 
»  la  sagesse  consiste  également  à  n’admettre  que  ce  qui 
»  est  rigoureusement  prouvé,  et  à  ne  pas  assigner  des 
»  bornes  trop  étroites  à  la  puissance  de  la  nature.  » 

EXPLICATION  DE  LA  PLANCHE. 

Figure  Ire. 

1.  Racine  de  la  verge. 

2.  Raphé. 

3,5.  Bourses. 


HERMAPHRODISME. 


35 


4.  Méat  urinaire. 

5.  Prépuce. 

6,6.  Pénil  (Mont-de-  Vénus) ,  saillant  comme  chez  la  femme 
Figure  Iro  (bis). 

Elle  représente  sur-tout  les  muscles  du  périnée. 

a .  Bulbe  de  Purèthre. 

b .  Glandes  de  Cowper. 

Cm  Racine  des  corps  caverneux. 

d.  Muscle  bulbo-caverneux. 

e.  —  ischio-caverneux. 

f.  —  trans  verse. 

g .  Portion  du  muscle  sphincter  externe. 

Figure  IIe.  £ 

Elle  représente  les  organes  extérieurs  et  intérieurs  de  la 
génération ,  ouverts  depuis  le  méat  urinaire  jusqu’au  col 
de  Putérus ,  et  vus  par  leur  face  inférieure. 

1.1.  Portion  spongieuse  de  l’urèthre,  ouverte  dans  toute 

sa  longueur. 

2.2.  Tissu  cellulaire  des  bourses. 

3.3.  Muscles  bulbo-caverneux  renversés. 

4.4.  Bulbe  de  l’urèthre. 

5.5.  Côtés  de  la  prostate. 

6.6.  Face  inférieure  de  la  vessie. 

7.7.  Uretères. 

8.8.  Vagin  ouvert. 

9.  Col  de  Futérus  ouvert. 

10*  Corps  de  l’utérus. 

11.  Ovaire  entier. 

12.  Ovaire  incisé. 

13.  Trompes  utérines. 


36 


HERMAPHRODISME. 


14.  Ligament  large. 

15.  Point  de  la  jonction  du  vagin  avec  Purèthre. 

Figure  IIIe. 

Elle  représente  l’utérus ,  le  vagin ,  la  vessie  et  une  portion 
de  Purèthre ,  vus  par  leur  face  supérieure. 

î.  Urèthre  ouvert  par  sa  face  supérieure. 

2,2.  Tissu  de  la  prostate. 

3.  Luette  vésicale  qui  se  prolonge  en  avant  pour  former 

levéru  montanum. 

4.  Vessie  ouverte. 

5.  Trigone  vésical. 

6,6.  Uretères. 

7.  Utérus. 

8.  Jonction  %u  vagin  avec  la  portion  membraneuse  de 

Purèthre,  vue  par  sa  face  supérieure. 


IHPBIHÊB1KB  d’mIPPOLYTB  TILLIAKO,  RUE  DE  lit  mil  PS.  88. 


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